La décoration de CASA chambres d'hôtes fait la part belle à son territoire. Riche d’un patrimoine historique, on peut découvrir sur ce tableau Corbie. L’ancienne cité médiévale assiégée et reprise sur les Espagnols par l’armée du Roy Louis XIII commandée en personne par sa majesté en l’année 1636.
Contexte historique
En 1636, cela faisait déjà dix-huit ans que l'Europe était en guerre. La Guerre de Trente Ans avait débuté en 1618. La France n'intervint, dans le conflit que par puissance interposée, le Danemark puis la Suède, c'était ce que Richelieu appelait la « guerre couverte ». En 1635, cette position n'était plus tenable, la France entra alors dans le conflit, c'était « la guerre ouverte » avec la Maison de Habsbourg, c'est-à-dire l'Autriche et l'Espagne.
Corbie était, à cette époque, une ville fortifiée, une des villes de la Somme, qui défendait la frontière nord du royaume, l'Artois, faisant alors partie des Pays-Bas espagnols.
Le gouvernement de Corbie en 1634
Fortifications de Corbie en 1634
Prise de Corbie par les Espagnols
L'offensive des troupes du roi d'Espagne
Le , Les troupes espagnoles commandées par le prince Thomas de Savoie-Carignan et Jean de Werth franchirent la frontière nord du royaume et prirent La Capelle le 8 juillet. Les Espagnols prirent ensuite Bohain-en-Vermandois, Vervins, Origny-Sainte-Benoite et Ribemont. Le , Le Catelet tomba à son tour. Le comte de Soissons avec 10 000 hommes de troupe fut dépêché pour empêcher les troupes espagnoles de franchir la Somme. Bray-sur-Somme résista mais fut détruit par les bombardements. Cependant, la Somme fut franchie par les Espagnols à Cerisy.
Les Espagnols pillèrent et incendièrent Saleux, Salouël et Longueau. Jean de Werth prit Roye, Ottavio Piccolomini et ses troupes ravagèrent les campagnes entre Somme et Oise. Ils firent des incursions jusque Pontoise. Seule Montdidier résistait.
Les Espagnols dans Corbie
La place de Corbie était commandée par Maximilien de Belleforière, marquis de Soyécourt qui disposait d'une garnison de 1 600 hommes. Face à eux, l'armée espagnole comptait 30 000 hommes. Belleforière préféra négocier une reddition pour éviter le pillage de la ville. La capitulation eut lieu le 15 août. Les assiégés conservèrent leur vie et leurs biens, la garnison put sortir avec armes et bagages et rejoindre Amiens. Les Espagnols entrèrent dans Corbie à 10 h du matin. 3 400 piétons et 250 cavaliers espagnols, allemands, flamands, wallons, savoyards, croates et polonais prirent possession de la ville.
Jean de Werth voulait marcher sur Paris tandis que Thomas de Savoie préféra piller la région des environs d'Amiens pour ravitailler les troupes. Au lieu de prendre la direction de Paris, les Espagnols s'enfermèrent dans la ville de Corbie tandis que le , le gros des troupes prit ses quartiers d'hiver en Artois. D'autre part, le , les troupes autrichiennes dirigées par Matthias Gallas assaillaient Saint-Jean-de-Losne en Bourgogne, sans réussir à forcer sa défense.
Réactions françaises
À la nouvelle de la perte de Corbie, la panique s'empara des Parisiens qui redoutaient que les 35 000 hommes du cardinal-infant don Fernando ne déferlassent sur leur ville. Les plus fortunés prirent la fuite vers le sud. Le cardinal de Richelieu lui-même céda un instant au découragement. Le père Joseph et Louis XIII lui rendirent son assurance. Il se montra dans les rues et y fut acclamé.
Louis XIII obtint des sept corps de métier que toutes les portes cochères fournissent un cavalier et les petites portes un fantassin. Il fit lever le ban et l'arrière-ban des nobles et des roturiers. Armes, munitions, vivres et chevaux furent réquisitionnés.
Richelieu conclut un traité avec les Provinces-Unies pour déclencher une offensive sur les Pays-Bas espagnols.
Le 1er septembre, Louis XIII quitta Paris à la tête d'une armée de 40 000 fantassins et 12 000 cavaliers. Il marcha vers le Nord.
Siège et reprise de Corbie par les Français
Monsieur, frère du roi (Gaston d'Orléans), reçut l'ordre de reprendre Roye et de marcher sur Corbie pour en préparer le siège, ce qu'il fit.
Cependant, ce fut Richelieu qui assura la direction des opérations de siège : « rien ne fut commencé sans son conseil, rien ne fut fait sans son aveu, il était le véritable auteur et le maître de tout le siège », nous dit Jean de Ville.
Une série de coups de main, perpétrés par des habitants de la région dirigés par Philippe Carette et Michel Patou de la ville d'Albert aidés de Louis et Charles Bozodemetz, Romain Dethez, Fleury Dupré, Nicolas Michel de Fouilloy ainsi que de Jean Pie, Philippe de Sapigny, Pierre Debrie de Corbie sans oublier Antoine Devisme d'Aubigny, parvinrent à affaiblir l'ennemi. Destruction du corps de garde d'une des portes de la ville, destruction d'un moulin, détournement de la rivière Boulangerie pour empêcher d'autres moulins de fonctionner… espionnage à l'intérieur de la ville, etc..
Louis XIII arriva à Montdidier le . Il s'installa au château de Démuin pour suivre de plus près les opérations de siège.
A partir du 6 octobre, sur ordre de Richelieu, la ville de Corbie fut cernée par un fossé creusé autour des remparts, des circonvallations et des forts en bois furent construits. Les travaux s'effectuait sous la canonnade de l'ennemi. Le , un habitant compta 800 volées de canon.
Les assiégés tentèrent une sortie, sans succès. Une armée de secours espagnole commandée par Jean de Werth était en Artois le 25 octobre. Elle ne parvint pas à rejoindre Corbie.
Le 25 octobre, à Amiens, le roi tint un conseil de guerre à Amiens, la circonvallation étant pratiquement terminée, Richelieu souhaita que le roi se retire à Chantilly, les troupes étant frappées par la peste et la dysenterie. Le 26 octobre, il fut décidé de prendre Corbie par la force avant l'hiver. Le 2 novembre, les assaillants passèrent à l'attaque.
Au cours du siège, le camp de Gaston de France, duc d'Orléans — qui faisait office de Lieutenant général des armées du roi en Picardie — était établi à Querrieu ; les premiers hôpitaux de campagne furent installés à Querrieu et à Bussy-lès-Daours. Des ingénieurs, tels que Antoine de Ville et Pierre de Conty d'Argencour, furent mobilisés pour accélérer la chute de la place. François de Clermont-Tonnerre se distingua durant le siège, tout comme François de Vendôme, futur duc de Beaufort (1665), alors âgé de vingt ans.
On apprit, le 4 novembre, que l'ennemi ne possédait plus que 8 à 900 soldats valides dans la place. L'artillerie française ébranlait chaque jour un peu plus les défenses de la ville. Minés par la maladie et privés d'approvisionnement, les Espagnols demandèrent à négocier leur reddition, le 9 novembre. L'ennemi capitula le 14 novembre, le siège de Corbie avait duré six semaines.
Armand Jean du Plessis Cardinal de Richelieu Mémoires. Tome XVI (1636) L'Année de Corbie
"La nouvelle arriva à Paris que les ennemis avaient assiégé Corbie, place forte et bien munie de tout ce qui était nécessaire pour se défendre. Mais le sieur de Soyécourt, lieutenant général de la province, qui était dedans, ayant, dès le commencement du siège, réputation de la défendre peu courageusement, le sieur de Saint-Preuil s'y jeta à la nage le 18, pour l'encourager. Mais, quoi qu'il pût faire, et que les gens de guerre, tant français que suisses, s'offrissent de faire leur devoir, on ne put l'empêcher de se rendre peu de jours après, quoiqu'il eût vu l'exemple de la punition que le Roi avait prise des gouverneurs de la Capelle et du Castelet, qu'il avait fait condamner, par arrêt de son conseil de guerre du 14 août, à être tirés à quatre chevaux, leurs têtes mises à prix parce qu'ils étaient absents, leurs biens confisqués, et eux et leur postérité déclarés roturiers, lequel traitement il reçut lui-même, comme il avait mérité."
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